etaamb.be : inconnu et célèbre à la fois

etaamb.be étant devenu de fait un service numérique d’utilité publique avec une fréquentation qui ne cesse d’augmenter, son hébergement et sa gestion est transférée à l’asbl OpenJustice.be, et sera désormais accessible à l’adresse : etaamb.openjustice.be

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Exercice technique appliqué au Moniteur Belge“, voilà ce que signifie l’acronyme imprononçable de ce site que personne ne connaît, mais que tout le monde utilise. C’est ce que j’ai pu remarquer devant les visages indifférents qui en entendent parler qui soudain s’éclairent au premier document affiché “Ah mais bien sur, super pratique ! J’y ai justement retrouvé [insérez document particulièrement utile] !”

Le site n’a que peu évolué depuis 2011

Étudiants, juristes, avocats, magistrats, cabinettards, hauts-fonctionnaires, ministres et surtout représentants de chaque couche de la société Belge qui ont un jour voulu rechercher l’une ou l’autre norme législative l’ont utilisé.

Et bien que la stabilité de l’outil était toute relative ( ce sont souvent les utilisateurs eux-mêmes qui prenaient contact en cas d’indisponibilité ), la fréquentation du site n’a cessé d’augmenter progressivement pour atteindre aujourd’hui des pics de plus de 70.000 utilisateurs par mois.

La fréquentation sur un an permet de deviner les périodes de vacance, d’examen, …

De site, qui publie depuis 2010 un “miroir” du contenu du Moniteur Belge ( “traité pour le rendre plus utilisable et l’enrichissant avec un contexte relationnel” ), n’a pourtant pas fait l’objet d’une campagne ou d’un projet particulier : c’était un essai, un “exercice technique” visant à approfondir ou exercer l’une ou l’autre compétence technique et aspect du développement internet (comme le détaille en long et en large le blog associé au site). Il occupait également mes longues heures de navette entre Liège et Bruxelles, les retards de la SNCB ayant eu un impact direct sur le degré de finition de l’une ou l’autre page ou fonctionnalité.

Si vous vous êtes un jour retrouvé à devoir imprimer un document du Moniteur Belge…

Tout n’était d’ailleurs pas gagné quand le développement fût abandonné fin 2011 pour faute de temps. Ce n’est que grâce à un petit public (découvert grâce à l’intégration de Google Analytics, une autre expérience) qui semblait y trouver une utilité que le site fût maintenu, de mois en mois, d’année en année. Heureusement, il n’a demandé que quelques corrections superficielles, quand je n’oubliais pas de payer l’hébergeur à temps ou de renouveler le nom de domaine (il a failli passer à la trappe plus d’une fois). Et cela sans jamais être monétisé…

Mais plus que des compétences techniques (une partie est en Perl après tout), etaamb m’a surtout permis de me rendre compte de l’utilité de mettre à disposition du public, gratuitement et aussi accessible* que possible, une information utile et nécessaire à la vie en société. Bien que ne pouvant répondre à tout les courriers, j’ai été confronté à travers les utilisateurs au désarroi de ne trouver d’interlocuteur (beaucoup ignorent l’aide juridique de première ligne), à la fragilité de personnes qui se voient imposées de prétendues servitudes par des voisins voyous, à la frustration du fonctionnaire ne trouvant le bon document ailleurs, au plaisir de découvrir des bases légales à un argumentaire face à ses supérieurs, et à la joie de découvrir une succession improbable.

Fréquentation d’un jeudi matin

Aujourd’hui, suite à la fréquentation impressionnante du site et qu’il soit devenu une source de fait de législation belge largement utilisée, citée et partagée (wallonie.be, vlaanderen.be, pdg.be, bruxelles.be, fgov.be, EUR-lex, europa.eu, …) j’ai pris la décision de le transférer à l’asbl OpenJustice.be : etaamb sera donc désormais accessible sous etaamb.openjustice.be (l’ancien domaine, et tous les liens qui y mènent, restant fonctionnels).

J’espère lui fournir ainsi un avenir plus durable et robuste que les aléas de ma vie privée, et de pouvoir intégrer le site dans un environnement démocratique et évolutif, plus en phase avec la volonté de fournir un service d’utilité et d’intérêt général, sans que les données qu’il publie ou récolte ne servent à d’autres intérêts que ceux de la transformation numérique du droit et de la justice dans le respect le plus total des citoyens, de leur besoins et de leurs données.

Le site en a d’ailleurs profité pour (enfin !) bénéficier d’une légère remise en forme, en espérant que d’autres suivront.

Petit aperçu des modifications :

  • Le code du site est désormais publié en Open Source
  • La mise en page a été revue et améliorée
  • Ajout de liens vers la doctrine et les documents parlementaires ( un exemple ) et de l’identifiant ELI
  • Métadonnées (Dublin Core & RDFa) intégrées dans la page, permettant une meilleure interaction avec les outils bibliographiques
  • Hébergement plus robuste, profitant des travaux réalisés par OpenJustice
  • Remplacement de Google Analytics par une solution interne et Open Source (matomo)
Et deux boutons : image PDF et aperçu impression 🚀

Que va-t’il se passer ensuite ? Un chantier serait en cours concernant le Moniteur Belge. On peut espérer que les apprentissages d’etaamb puissent servir à l’amélioration de l’accès à l’information législative en Belgique (je ne peux m’empêcher de voir quelques signes de ressemblance sur legilux, le journal officiel du Grand-Duché du Luxembourg), ou qu’une étude plus large soit en cours sur les services similaires d’autres pays (comme le fait le Danemark, qui inclut des données documentaires en filigrane).

Ce n’est pas le document le plus utile, mais il démontre que publier et anonymiser un corpus de >300.000 pages est possible.

En attendant que ce jour arrive, je souhaite une vie utile, serviable et désintéressée à etaamb.openjustice.be, aussi longtemps que nécessaire 🚀

Pieterjan Montens


[*] L’accessibilité numérique a plusieurs définitions, et je vise ici une définition assez large : non seulement le respect des standards afin de permettre l’accès à des personnes en situation de handicap, mais aussi le contournement des obstacles, la suppression des frictions dans l’usage et l’accès à un service et une ressource numérique. En pratique, cela se traduit par une diffusion de l’information optimisée pour les outils et services déjà utilisés par le public : moteurs de recherche, réseaux sociaux, etc…

D’autres niveaux d’accessibilité sont tout aussi importants, mais plus contraignantes à mettre en place, comme l’accessibilité du langage (voir langage simplifié / Falc ) ou d’un cadre pédagogique autour de l’information diffusée qui n’est pas toujours aisé à comprendre pour une personne néophyte. Or il faut que cette information, la législation du pays, soit accessible, compréhensible et utilisable, car comme le dit l’adage, qui est autant une obligation pour le citoyen (d’en prendre connaissance) que pour l’État (d’en assurer une bonne diffusion) :

“Nul n’est censé ignorer la loi”

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